L’énurésie nocturne: conseils

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L’énurésie nocturne (aussi appelée « incontinence nocturne intermittente ») est une incontinence urinaire qui se produit pendant le sommeil chez un enfant de plus de 5 ans.

Elle peut être primaire (l’enfant n’a jamais été « sec » la nuit) ou secondaire (l’enfant a été « sec » pendant au moins 6 mois la nuit).

L’énurésie nocturne en chiffres

L’énurésie nocturne touche :

  • 10-15% des enfants de 5 ans;
  • 6-8% des enfants de 8 ans;
  • 5% des enfants de 10 ans;
  • 1-2% des adolescents de 15 ans.

Les garçons sont deux fois plus souvent touchés que les filles.

Causes

En général, aucune cause n’est clairement identifiée; certains parleront d’immaturité développementale (le système urinaire se développe simplement plus lentement qu’attendu).

L’énurésie nocturne peut toutefois découler de certaines autres affectations, dont :

  • la constipation;
  • le diabète;
  • le syndrome d’apnée obstructive du sommeil (SAOS);
  • le trouble déficitaire de l’attention;
  • ou la vessie hyperactive ou une infection urinaire (les symptômes sont alors présents le jour et la nuit).

Ces dernières doivent alors être traitées pour contrôler les fuites.

Aussi, on sait que l’énurésie nocturne est plus fréquente dans certaines familles; des chercheurs ont d’ailleurs identifié deux gènes qui joueraient un rôle clé dans ces cas.

36,1% des enfants qui présentent une énurésie nocturne souffrent de constipation (seulement 39% des parents de ces enfants étaient conscients de la problématique de constipation. (McGrath et coll., 2007)

Conséquences

Dans la majorité des cas, l’énurésie nocturne se résout sans traitement. Il faut cependant être conscient qu’entre temps, la souffrance des enfants et de leur famille peut être importante et que des interventions pour en réduire la durée sont souvent souhaitables.

Énurésie nocturne et physiothérapie

En cas de constipation, plusieurs conseils et exercices peuvent être donnés aux parents et à l’enfant. Il peut parfois s’agir de la principale piste d’intervention.

Si le physiothérapeute suspecte un syndrome d’apnée obstructive du sommeil, il peut utiliser des techniques de thérapie manuelle afin de favoriser une respiration nasale sans entrave mécanique ni fonctionnelle. En effet, la respiration buccale (par la bouche) est hautement associée au développement du SAOS.

Enfin, chez certains enfants énurétiques, il est possible de mettre en évidence un réflexe primitif de Galant. Les réflexes primitifs sont des réponses involontaires à un stimulus qu’on retrouve normalement chez les nouveau-nés. Pour différentes raisons, ces réflexes peuvent persister au-delà de leur durée habituelle. Ainsi, chez certains enfants énurétiques, le réflexe de Galant est toujours actif et contribue à l’incontinence : lorsqu’ils bougent dans leur lit, la friction des draps sur leur dos déclencherait une contraction automatique de la vessie. Certains exercices sont très efficaces pour permettre au réflexe de s’atténuer (on parle alors d’un réflexe intégré).

Étant formée en rééducation périnéale et en Thérapie manuelle pédiatrique intégrative, je suis une des seules physiothérapeutes du Québec à offrir l’ensemble de ces interventions.

Médication contre l’énurésie nocturne

Certains médicaments peuvent être prescrits par un médecin pour réduire la production d’urine pendant la nuit. L’acétate de desmopressine est habituellement la première molécule proposée.

 La Société canadienne de pédiatrie recommande actuellement qu’elle soit considérée pour un usage occasionnel (par exemple lors d’une sortie à l’extérieur) plutôt que continu.

Il est important de savoir que l’enfant qui prend de l’acétate de desmopressine doit limiter sa prise de liquides dans l’heure qui précède la prise du médicament puis pour les huit heures suivantes.

Et les alarmes?

Divers modèles d’alarme peuvent être installés dans le lit de l’enfant. Ces alarmes possèdent des capteurs d’humidité et sonnent quand l’enfant commence à uriner. L’enfant doit alors se lever et se rendre à la salle de bain pour terminer sa miction.

L’utilisation d’un tel système ne devrait être proposée que si l’enfant et ses parents sont motivés, car elle demande un effort quotidien sur plusieurs semaines.

Différents protocoles existent, mais l’essai de l’alarme devrait être poursuivi pour une période d’environ 4 mois (moins si l’enfant est « sec » pour 14 jours d’affilée avant ce terme).

Le taux de succès avoisine les 50% chez les enfants présentant une énurésie primaire. Il faut noter toutefois que des rechutes sont possibles.

Les thérapies comportementales

Les thérapies comportementales cherchent à modifier un comportement via un système de récompenses ou de punitions récurrentes (conditionnement opérant positif ou négatif).

Par exemple, offrir un autocollant à un enfant pour chaque nuit sans incontinence serait un conditionnement opérant positif.

Dans le cas précis de l’énurésie nocturne, puisqu’il ne s’agit que rarement d’une condition sur laquelle l’enfant a un réel pouvoir, les récompenses, et encore davantage les punitions, ne sont pas conseillées. Elles engendreraient d’ailleurs souvent des conflits familiaux et pourraient nuire à l’estime de soi de l’enfant (Glazener et Evans, Cochrane Database Syst Rev, 2004).

Quelques conseils

  • Limitez la quantité de liquide bue par votre enfant dans les deux heures qui précèdent le dodo. La quantité totale de liquide par jour doit cependant demeurer la même. Ainsi, l’urine de votre enfant devrait demeurer claire et inodore, signe d’une bonne hydratation.
  • Encouragez votre enfant à uriner juste avant d’aller au lit.
  • Assurez-vous que votre enfant puisse facilement se rendre à la toilette la nuit s’il le désire (en installant une veilleuse dans le corridor, par exemple).
  • Invitez votre enfant à mettre lui-même ses vêtements et ses draps au lavage lorsqu’ils sont mouillés.
  • Sauf exception, évitez de réveiller vous-même votre enfant durant la nuit pour l’amener de façon préventive aux toilettes (sauf si vous utilisez une alarme qui détecte les fuites et que celle-ci sonne). Les résultats obtenus ne seront, au mieux, présents qu’à court terme. Par ailleurs, le besoin de se lever la nuit pour uriner n’est pas une habitude qu’on souhaite développer (idéalement, l’enfant ne devrait pas avoir besoin d’uriner pendant son sommeil).

D’autres questions?

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Bibliographie

2 réflexions au sujet de « L’énurésie nocturne: conseils »

  1. Si le physiothérapeute suspecte un syndrome d’apnée obstructive du sommeil, il peut utiliser des techniques de thérapie manuelle afin de favoriser une respiration nasale sans entrave mécanique ni fonctionnelle. En effet, la respiration buccale (par la bouche) est hautement associée au développement du SAOS.

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